Du point de tapisserie, à la tesselle et au pixel, il n’y a pas loin.
Les constructions en escaliers s’évitent ou se cherchent volontairement. On tisse dans la forme ou au contraire on s’en sert comme prétexte géométrique. On mélange des fils de différentes provenance et de différentes couleur en battage. Le granit bleu, le calcaire obéissant, le galet capricieux, tout se découpe si on le veut et tout s’assemble. Si on force la matière à se tenir côte à côte et à s’entendre, pour peu qu’on lui offre un sujet de conversation, elle est intarissable.

On ne choisit pas de faire de la mosaïque funéraire. C’est quelque chose qu’on vous demande un jour. Cette orientation de la mosaïque me plaît particulièrement. Une question d’affinité avec le temps. Le temps de fignoler un travail jusqu’à l’application maniaque parce que les morts ne sont pas pressés. Un nom, une date de naissance et une date de mort, c’est déjà beaucoup de renseignements sur une vie. Mais il n’est pas une personne qui ne laisse la trace d’un graffiti en bas de page, d’un mot ou d’une couleur aimée. Ce sont ces traces-là que je recherche.
C’est presque une rencontre.

Cailloux ramassés sur une plage ou sous le pas, improbable couleur issue d’une catastrophe ancienne quand on crève le ventre du module gris, mixité incroyable de matière.
C’est tout cela que je veux travailler et dire.